Dans un continent où le paludisme demeure l’une des premières causes de mortalité infantile, une avancée historique vient d’être franchie : le tout premier traitement antipaludique spécifiquement conçu pour les nouveau-nés et les nourrissons vient d’être approuvé. Baptisé Coartem® Baby, ce médicament marque un tournant décisif dans la lutte contre une maladie qui continue de faire des ravages parmi les plus jeunes.
Un médicament pensé pour les plus vulnérables
Développé par le laboratoire Novartis en collaboration avec la Medicines for Malaria Venture (MMV), Coartem® Baby est destiné aux bébés pesant entre 2 et 5 kilogrammes, soit généralement les enfants de moins de 6 mois. Jusque-là, aucun traitement n’était spécifiquement homologué pour cette catégorie de poids et d’âge. La formulation, aromatisée à la cerise et facilement dissolvable dans le lait maternel, a été conçue pour garantir un dosage précis et adapté.
Cette nouveauté comble un vide médical considérable, notamment dans les zones à forte endémicité où les nourrissons étaient jusqu’alors traités avec des posologies approximatives, augmentant ainsi les risques de complications ou d’inefficacité.

Une mise en œuvre imminente en Afrique
Huit pays africains ayant participé aux essais cliniques [Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Kenya, Malawi, Mozambique, Nigeria, Tanzanie et Ouganda] seront les premiers à déployer le traitement dans les semaines à venir. Selon les fabricants, le médicament sera mis à disposition à but non lucratif, conformément aux principes d’équité en santé défendus par l’OMS et le Fonds mondial.
L’objectif est clair : réduire rapidement le taux de mortalité infantile lié au paludisme, particulièrement en Afrique subsaharienne où plus de 95 % des décès mondiaux liés au paludisme sont recensés.

Paludisme : un fardeau persistant pour l’Afrique et le Cameroun
Selon le dernier rapport mondial sur le paludisme publié par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la maladie a causé environ 597 000 décès en 2023, dont près de 75 % concernaient des enfants de moins de cinq ans, principalement en Afrique.
Au Cameroun, la situation est tout aussi préoccupante. Le paludisme reste la première cause de consultation, d’hospitalisation et de mortalité dans les formations sanitaires. En 2022, le ministère de la Santé publique rapportait que le paludisme représentait à lui seul 30 % des décès enregistrés chez les enfants de moins de 5 ans, et près de 50 % des consultations médicales générales.
Malgré les campagnes de distribution de moustiquaires imprégnées, la gratuité du traitement chez les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, et les efforts de sensibilisation, la résistance croissante aux traitements traditionnels et les défis d’accès aux soins dans les zones rurales freinent les progrès.

Et maintenant ?
Le ministère camerounais de la Santé publique est attendu sur une décision rapide quant à l’intégration de Coartem® Baby dans son protocole de traitement. Si cette étape est franchie, le Cameroun pourrait être l’un des premiers pays francophones d’Afrique centrale à proposer ce traitement salvateur.