La capitale camerounaise est depuis ce lundi l’épicentre d’un dialogue régional de haut niveau sur les enjeux de la propriété intellectuelle et du développement des industries culturelles et créatives (ICC) en Afrique. La Conférence régionale sous le thème : le droit d’auteur, moteur de l’économie créative africaine, organisée conjointement par l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), l’Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle (OMPI) et le Gouvernement du Cameroun, réunit du 28 au 29 juillet des experts, décideurs, juristes et institutions venus de plusieurs pays du continent.
Dans une ambiance institutionnelle marquée par la solennité et l’urgence d’agir, les discussions visent à jeter les bases d’une politique régionale plus inclusive, stratégique et économiquement viable autour de la création artistique et culturelle.

Une économie de la création à valoriser
Prenant la parole en ouverture des travaux, le Ministre camerounais des Arts et de la Culture a insisté sur l’importance des droits d’auteur dans la structuration des ICC en Afrique :
«Les droits d’auteurs jouent un rôle crucial dans le développement des industries culturelles et créatives qui sont elles-mêmes les moteurs de croissance économique. Ces politiques, lorsqu’elles sont bien construites, permettent de protéger les créateurs et les œuvres, encourageant ainsi l’innovation et la production culturelle», a déclaré Pierre Ismaël Bidoung Kpwat, Ministre des arts et de la Culture.
Il a également souligné l’impact de ces politiques sur l’investissement, la création d’emplois, la diversification des produits culturels et la préservation du patrimoine. Appelant à l’émergence d’une nouvelle génération d’acteurs du droit d’auteur, il a convoqué une pensée du Chef de l’État, S.E. Paul Biya, issue de son ouvrage «Pour le libéralisme communautaire» :
«Promouvoir une culture qui soit aussi un produit exploitable, de consommation nationale et de hautes compétitions internationales» Paul BIYA, Président de la République du Cameroun
Le ministre a conclu en exprimant le vœu que cette rencontre devienne un «grand rendez-vous du donné et du recevoir», afin de développer collectivement des stratégies fondées sur le partage d’expériences entre praticiens et experts du continent.

L’enjeu de la rentabilité pour les créateurs
Prenant la parole à l’ouverture des travaux, le Directeur Général de l’OAPI, Denis BOHOUSSOU, a rappelé l’ambition centrale de la conférence : «Notre ambition pour ces assises est que les directeurs généraux des sociétés de gestion collective et les acteurs du secteur créatif de nos États membres puissent formuler des propositions concrètes et des actions efficaces. L’objectif est d’optimiser l’exploitation du droit d’auteur pour impulser véritablement le développement de l’économie créative dans nos États.»

Dans le même élan, Mme Loretta Asiedu, Directrice de la division Afrique au sein du département de la coopération pour le développement de l’OMPI, a souligné l’enjeu global de l’initiative : «À l’échelle mondiale, les industries culturelles et créatives génèrent plus de 2 250 milliards de dollars de chiffre d’affaires par an et emploient plus de 30 millions de personnes».

Une vision stratégique pour l’avenir des ICC
Au micro des journalistes, le Directeur général de l’OAPI a pour sa part mis l’accent sur l’inadéquation entre le potentiel créatif africain et sa valorisation économique :
«Nous avons beaucoup de créateurs, beaucoup de talent, beaucoup de production artistique et culturelle. Mais malheureusement, ces productions ne sont pas suffisamment créditées. À travers les droits d’auteurs, il s’agit de voir quels sont les différents mécanismes et stratégies à mettre en œuvre pour que les créateurs puissent tirer les utilités économiques de leurs talents.» Denis BOHOUSSOU, Directeur Général de L’OAPI.
Il a remercié les autorités camerounaises pour leur engagement, rappelant le rôle clé de l’État dans la consolidation d’un écosystème favorable à la rémunération équitable des créateurs.

Mme Loretta Asiedu, Directrice de la division Afrique au sein du département de la coopération pour le développement de l’OMPI, a présenté les grandes lignes de l’ambition portée par l’organisation :
«Il sera question, pendant ces deux jours à Yaoundé, d’élaborer un business plan en se basant sur les stratégies nationales de développement, pour accompagner l’industrie culturelle et créative à l’adoption de la propriété intellectuelle, afin d’assurer leur bien-être.»
En d’autres termes, il s’agit de connecter les cadres juridiques nationaux aux réalités économiques du secteur, en s’appuyant sur la propriété intellectuelle comme levier de durabilité et de croissance.
Ce qu’il faut retenir
Le droit d’auteur est désormais perçu comme une politique de développement économique à part entière, au-delà de sa fonction juridique traditionnelle.
La première journée de la conférence s’est articulée autour de trois sessions clés, consacrées à l’analyse du cadre réglementaire du droit d’auteur en Afrique, aux politiques publiques de soutien aux industries créatives, ainsi qu’aux modèles économiques viables fondés sur la propriété intellectuelle. Ces échanges riches et structurants ont permis de dégager des pistes de réflexion partagées entre experts, décideurs publics et représentants d’organisations internationales.

Les travaux se poursuivent ce mardi 29 juillet avec un programme tout aussi ambitieux. Dès 9 heures, les participants plancheront sur l’élaboration d’un business plan à partir des stratégies nationales de développement des industries culturelles et créatives (ICC), à travers une session animée par des experts de l’OMPI et de l’OAPI. À 11h, des travaux de groupe permettront de formuler des actions concrètes à intégrer dans une approche régionale cohérente. La journée se poursuivra l’après-midi avec la restitution des propositions, la finalisation d’une feuille de route régionale, puis la cérémonie de clôture prévue à 16h, au cours de laquelle sera remis le document de synthèse de la conférence.
