Présidentielle 2025 : Le cri silencieux de Bessiping, recalé mais debout

Le Conseil Constitutionnel a tranché ce lundi : la candidature de Bessiping à l’élection présidentielle d’octobre prochain est officiellement rejetée. Une décision attendue, mais qui laisse derrière elle un goût d’amertume, d’injustice, et surtout, le témoignage bouleversant d’un homme qui n’a jamais vraiment voulu le pouvoir, mais simplement se faire entendre.


Qui est Bessiping ?

Fonctionnaire d’État affecté à Penka-Michel, dans la région de l’Ouest du Cameroun, Bessiping est Surveillant Général dans un lycée public. En 2021, il est suspendu de ses fonctions. Depuis, aucun salaire perçu, aucune décision judiciaire rendue, et un dossier qui stagne au tribunal de première instance de Yaoundé. Trois ans d’attente, d’abandon, de silence institutionnel.


Une candidature comme ultime recours

Le 21 juillet dernier, à 23h59, Bessiping est le dernier à déposer son dossier de candidature à Elecam, quelques secondes avant la fermeture officielle. Une tentative désespérée, motivée non par l’ambition présidentielle, mais par un besoin urgent : faire exister son histoire dans l’espace public.

N’ayant pas pu s’acquitter des 30 millions FCFA de caution exigée, il explique clairement sa position :

«Le Trésor public me doit déjà assez d’argent. Avec les intérêts qu’ils me doivent, j’estime que j’ai déjà payé.»

Une réponse qui en dit long sur l’état de frustration, d’impuissance et de solitude dans lequel il évolue depuis plus de 36 mois.


Le Conseil constitutionnel reste inflexible

Dans son recours, Bessiping demandait à être réintégré sur la liste des candidats, arguant du caractère exceptionnel et humanitaire de sa démarche. Mais ce lundi soir, la réponse est tombée : REJET.
Aucune dérogation. Aucun geste. La loi s’applique froidement, comme à des chiffres, pas à des êtres humains.


Le cri d’un homme oublié

À la sortie de l’audience, face aux micros, Bessiping ne parlait pas comme un homme politique, mais comme un citoyen brisé :

Je savais que ma requête ci devait être rejetée… j’ai porté plainte contre la Ministre des Enseignements Secondaires pour abus et plusieurs autres motifs.


Il ne portait pas de costume coûteux, n’avait pas d’équipe de campagne, ni d’affiches, encore moins avocat pour le défendre. Seulement une voix tremblante, des yeux fatigués, et une histoire lourde de silence.


Une leçon pour la République

Bessiping n’ira pas à l’élection présidentielle, c’est un fait. Mais il a gagné quelque chose de plus profond : il a réussi à faire entendre un cri que l’appareil d’État refusait d’écouter. Et dans un pays où des milliers de fonctionnaires vivent des situations similaires – radiés, suspendus, oubliés – son histoire devient celle de tous.

Faut-il donc passer par une élection présidentielle pour que le système écoute un simple citoyen ?

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