Alors que le paludisme continue de faire des ravages au Cameroun, une arme redoutable contre cette maladie reste sous-exploitée : les moustiquaires imprégnées à longue durée d’action (MILDA). Pourtant, leur efficacité dans la prévention du paludisme n’est plus à prouver. Pourquoi alors les Camerounais peinent-ils à les utiliser systématiquement ?
Des chiffres alarmants
Selon les dernières données de l’Enquête sur les Indicateurs du Paludisme (EIPC, 2022), 64 % de la population a accès aux moustiquaires imprégnées, mais paradoxalement, seulement 54 % les utilisent réellement. Chez les groupes les plus vulnérables, la situation est tout aussi préoccupante :
• 58 % des enfants de moins de 5 ans ont dormi sous une moustiquaire la nuit précédant l’enquête.
• 63 % des femmes enceintes ont adopté cette protection vitale.
• Certaines régions, comme Centre (49 %), le Sud (46 %) et l’Est (41 %), enregistrent des taux élevés de prévalence du paludisme chez les enfants.
Le constat est clair : posséder une moustiquaire ne signifie pas forcément l’utiliser.

Freins et résistances : comprendre le problème
Plusieurs facteurs expliquent cette faible utilisation :
• Sensibilisation peu ou pas présente : Beaucoup ignorent encore l’importance d’un usage quotidien des moustiquaires.
• Idées reçues et croyances : Certaines personnes redoutent des effets secondaires liés aux produits imprégnés.
• Inconfort perçu : Dormir sous une moustiquaire est jugé étouffant par certains.
• Problèmes logistiques : La distribution des moustiquaires ne couvre pas toujours efficacement toute la population.
Or, une seule piqûre de moustique infecté peut être fatale. Laisser sa moustiquaire inutilisée, c’est s’exposer inutilement à un risque mortel.

Que faire pour inverser la tendance ?
Face à cette situation préoccupante, des solutions existent :
• Renforcer la sensibilisation : Impliquer davantage les médias, les leaders communautaires et les agents de santé pour déconstruire les mythes et promouvoir l’usage des MILDA.
• Améliorer la distribution : Intégrer systématiquement les MILDA aux consultations prénatales et aux campagnes de vaccination.
• Multiplier les campagnes de proximité : Aller au plus près des populations à travers des actions de porte-à-porte et des programmes d’éducation sanitaire.
Le paludisme tue, mais nous avons les moyens de l’éradiquer. Dormir sous une moustiquaire imprégnée, c’est choisir la vie.
