Le timing fait jaser. Alors que le rideau est tombé sur la période de dépôt des candidatures à la présidentielle camerounaise de 2025 sans le nom de Samuel Eto’o dans la liste, la démission surprise de Marc Brys quelques jours plus tard relance les théories. Coïncidence ou calcul finement orchestré ? Dans un contexte où les deux hommes ont cristallisé l’un des clashs institutionnels les plus médiatisés de la décennie, certains y voient beaucoup plus qu’un simple hasard de calendrier.

Eto’o-Brys : un duel bien plus politique que sportif
Tout commence en avril 2024 : le ministère des Sports nomme Marc Brys comme sélectionneur des Lions Indomptables. La FECAFOOT, dirigée par Samuel Eto’o, n’en est même pas informée. S’en suit un bras de fer épique, ponctué d’échanges musclés, de clashs viraux, de communiqués contradictoires… et même d’un face-à-face tendu immortalisé en vidéo, dans lequel Eto’o sermonne Brys devant les caméras du pays.
Malgré cette opposition frontale, Brys est maintenu. Et Eto’o, critiqué pour ses méthodes, semble contraint de composer avec le technicien belge. Le terrain, lui, suit une autre trajectoire : Brys aligne les bons résultats, remet de l’ordre et du jeu, gagne en popularité.
Mais à quelques jours de la clôture du dépôt des dossiers présidentiels, le silence de Samuel Eto’o est assourdissant. Et juste après la date limite : Marc Brys claque la porte, dénonçant 60 jours de salaires impayés et menaçant de poursuivre l’État camerounais devant le TAS.

Eto’o, l’ambition au-delà du foot ? Vraiment ?
Depuis plusieurs années, la rumeur circule : Samuel Eto’o viserait un destin politique, peut-être même présidentiel. Mais face à l’intensité de ces spéculations, l’homme lui-même a fini par clarifier les choses. Dans une interview accordée à France 24, il coupe court aux fantasmes :
«La majorité des problèmes que je rencontre, c’est parce qu’on me prête l’intention de devenir Chef d’État au Cameroun. Aujourd’hui, j’ai tellement de choses à faire que ce n’est pas quelque chose qui traverse mon esprit.»

Une déclaration forte, limpide… mais qui n’a pas suffi à faire taire les doutes. Car en politique comme en sport, les matchs se jouent souvent en dehors du terrain visible. Dès lors, plusieurs hypothèses persistent :
1. La passion sincère du football : Eto’o dit ce qu’il pense. Il est véritablement animé par sa mission à la FECAFOOT, et ne cherche qu’à réformer le football camerounais de l’intérieur.
2. Tactique du timing : Il ne serait pas intéressé pour 2025, mais garderait en réserve une ambition plus grande, à activer plus tard, une fois le terrain bien préparé.
3. Communication maîtrisée : En niant toute intention politique maintenant, Eto’o gagne du temps, apaise ses détracteurs, tout en gardant la possibilité d’un avenir plus large.
Quoi qu’il en soit, la démission surprise de Marc Brys, intervenue juste quelques jours après la clôture des candidatures à la présidentielle, vient relancer les spéculations. Coïncidence ou manœuvre ? Une chose est sûre : le match politique, lui, ne fait que commencer.

Pourquoi ces soupçons ?
Les soupçons autour d’une éventuelle ambition présidentielle de Samuel Eto’o ne sont pas sortis de nulle part. Ils trouvent leur source dans l’aura nationale incontestée de l’ex-capitaine des Lions Indomptables, son charisme naturel, mais surtout dans sa posture très affirmée sur les grandes questions nationales. Depuis son arrivée à la tête de la FECAFOOT, Eto’o s’est affiché comme un leader intransigeant, un réformateur, parfois même en confrontation directe avec des figures de l’administration. Sa proximité avec certaines élites, son influence médiatique, son langage d’autorité et sa gestion très politique du football camerounais ont peu à peu nourri l’imaginaire collectif. Pour beaucoup de jeunes, il incarne déjà le type de leadership qu’ils espèrent au sommet de l’État : audacieux, pragmatique et visionnaire. Dès lors, même en l’absence de déclaration formelle, la simple puissance de son image suffit à entretenir le doute.

Et si Brys était le dernier obstacle ?
Certains analystes y voient un lien : tant que Brys était là, populaire, performant, et symboliquement imposé par l’État, Eto’o ne pouvait pas reprendre pleinement le contrôle narratif autour des Lions Indomptables.
Maintenant que le technicien est parti, Eto’o retrouve une marge de manœuvre plus large, à quelques mois de la CAN 2025. Coïncidence troublante ? Ou nettoyage de terrain avant un nouveau projet ?

Un rêve présidentiel avorté… ou simplement reporté ?
En ne déposant pas son dossier en 2025, Eto’o a peut-être renoncé, pour l’instant, à briguer la magistrature suprême.
Mais au Cameroun, on le sait, la politique est aussi une affaire de symboles, de tempo et de stratégie silencieuse.
Et Samuel Eto’o, s’il n’est pas encore candidat, reste plus que jamais un acteur majeur de la scène nationale.

La rue murmure…
“Brys viré juste après les candidatures closes ? C’est trop propre pour être un hasard.”
“Eto’o attend juste que les gens soient fatigués des politiciens classiques.”

