Écrans Noirs 2025 : Une première journée rythmée entre ateliers, rencontres et projections

La 29ᵉ édition du Festival Écrans Noirs a véritablement pris son envol ce dimanche 21 septembre 2025 à Yaoundé. Après une cérémonie d’ouverture haute en couleurs la veille au Palais des Congrès, le premier jour des activités a tenu toutes ses promesses, entre ateliers de formation, projections et rencontres professionnelles.


Le village du festival : un carrefour d’apprentissage et de transmission

Dès les premières heures, le village du festival a vibré au rythme des ateliers de formation, cœur battant de cette journée inaugurale. Plusieurs disciplines essentielles du cinéma y étaient enseignées : Actorat, Caméra, Son, Montage, Mixage, Maquillage, Critique Cinématographique

À ces disciplines s’est ajouté un atelier très attendu sur la distribution, animé par Sylvain Foppa, qui a posé les bases d’une réflexion capitale pour l’avenir du cinéma camerounais.

«On a 5 points qu’on va aborder durant trois jours. Là, on a commencé par le premier point de savoir c’est quoi la distribution d’un film et comment accéder à ce métier. C’est par là que nous avons commencé car beaucoup parlent de distribution sans savoir ce que c’est exactement. À la fin de cette formation, ce que je veux moi, c’est que les jeunes qui sont là puissent devenir distributeur parce que c’est le maillon faible en ce moment de l’industrie et c’est la raison pour laquelle les gens font des films et mettent dans les placards parce qu’il n’y a personne pour les vendre alors, eux du coup, j’aimerais qu’ils s’arment de courage et se formalise au niveau des institutions pour devenir distributeur plein et de pouvoir permettre à ce que les films camerounais puissent voir jour.», nous a-t-il confié.

Son intervention a trouvé un écho auprès des jeunes participants, notamment Kenmogne Mabou Ervé, scénariste et producteur :

«Pour cette première journée je suis plus agaillardi avec les informations que j’ai reçu de Monsieur Foppa à l’atelier de la distribution. En tant que producteur en herbe, je pense que ça va beaucoup m’aider à me projeter. J’avais besoin de ces informations là ; la revue sur la distribution, les mécanismes de la distribution et les difficultés qu’on peut avoir si on ne tient pas en compte certains paramètres. J’espère que la deuxième journée sera davantage enrichissante. J’attends ça à bras ouverts. Je vais pas manquer.»


Les voix de l’expérience et la passion des jeunes

Du côté de l’écriture de scénarios, Serge Alain Noa a insisté sur la centralité du scénario dans tout projet cinématographique :

«Sans le scénario il n’y a pas de film. Je ne sais pas comment vous allez vous allez vous intéresser aux autres branches (du cinéma) sans d’abord maîtriser le scénario. Même s’il ne faut pas maîtriser, il faut au moins savoir ce qui ce passe dans l’écriture du scénario parce que c’est l’outil qu’on va vous donner quelque soit la branche technique qui vous intéresse, c’est le scénario qu’on vous donnera, il faut savoir l’analyser, il faut savoir le comprendre, il faut savoir le lire.»

À l’atelier de jeu d’acteur, Landry Nguetsa a jeté les bases d’une pédagogie exigeante :

«On n’a d’abord commencé par une scéance de brainstorming, pourquoi est-ce qu’ils là, qu’est-ce qu’ils attendent de cet atelier de jeu d’acteur et c’est quoi le jeu d’acteur. Mais on a un peu regretté que les choses aient commencé un peu timidement. Je crois que c’est parce que c’est dimanche, certains vont à l’église et tout. Mais ceux qui étaient là, les participants étaient très engagés. Ils ont vraiment à cœur de s’investir dans le jeu d’acteur et pour cela je leur ai donné quelques techniques, quelques outils pour qu’ils puissent se déployer sur des plateaux. Et donc on a parlé de la tenue, comment se tenir sur un plateau, comment répondre à un appel, et comment répondre aux attentes d’un réalisateur. Mais pour ce qui est de la journée de demain nous allons rentrer de plein pied dans le vif du sujet à savoir le jeu créatif, le jeu mécanique et les émotions fondamentales, les émotions secondaires, les émotions tertiaires même et comment les embriguer les unes dans les autres, les déplacements, les dictions dynamiques, comment est-ce que l’acteur arrive à jouer avec des accessoires, on va voir tout ça pour aboutir en fin de compte à partir de vendredi prochain à la construction du personnage parce que nous sommes tombés d’accord que ce qui est un véritable challenge pour les apprenants c’est comment construire le personnage. On vous a donné un scénario, vous découvrez un rôle, comment le restituer, comment le rendre, ça c’est le plus gros challenge et c’est ma mission principale.» 

Landry Nguetsa a poursuivi en par un message fort à l’endroit des jeunes passionnés :

«Concernant spécifiquement le jeu d’acteur, ils ne doivent pas considérer qu’il y a un rôle précis qu’ils doivent jouer et un rôle qu’ils ne devraient pas jouer parce que le jeu d’acteur est un rôle de challenge. À chaque fois on est dans les challenges permanents. Il ne faudrait pas qu’ils se disent que ‘comme je suis quelqu’un de très colérique, il faut qu’on ne me donne que des rôles de colère’, donc se donner le challenge de jouer un rôle comique, se donner le challenge de jouer un rôle de tristesse, c’est ce pourquoi je suis là, c’est à dire surmonter ses faiblesses, se dire que voilà mes limites et comment les surmonter pour devenir quelqu’un qui arrive à jouer où on ne l’attendait pas. C’est pour ça que j’ai parlé de construction du personnage parce qu’il s’agit d’un processus.” Son conseil aux jeunes : “pour ceux qui n’ont pas l’opportunité de venir au festival écrans noirs, c’est de considérer leur rôle dans la vie comme des extensions du jeu d’acteur de manière à ce qu’ils se mettent à chaque fois dans des situations de jeu.»

Une exigence que les jeunes ont accueillie avec enthousiasme. Daniella Kinfack, participante fidèle des Écrans Noirs, a confié :

«C’est ma deuxième fois aux écrans noirs, comme la première année c’était super bien, le formateur a encore pris du temps de nous prendre sous ses ailes pour nous apprendre le début du métier, j’ai beaucoup apprécié et mes camarades aussi. On espère que demain sera meilleur. J’aimerais plus travailler mes émotions surtout la tristesse parce c’est quelque chose que j’essaie de mieux faire et également apprendre à être plus naturelle que mécanique.»


Les rencontres et l’énergie des artistes

Le festival est aussi un lieu de retrouvailles. L’actrice et productrice Rachel Nkontieu, présente au village du festival pour représenter Malgré Tous d’Enah Johnscott, a salué l’organisation :

«Les Écrans Noirs, c’est le moment idéal pour créer des contacts avec des cinéastes camerounais et internationaux. La population de Yaoundé ne doit pas rater cette vitrine du cinéma.»


Projections : diversité et découvertes

Les salles obscures ont également accueilli le public ce dimanche. À l’Institut Français de Yaoundé, le public a découvert une riche sélection de courts et longs métrages, dont la série camerounaise Mystères et Blessures (Christophe Mvogo et Blanche Bana), projetée en présence du réalisateur. Le Complexe universitaire de Yaoundé I a quant à lui accueilli la projection de longs métrages comme Niamo (Liesbeth Mabiala, Congo-Brazzaville) et Les Invertueuses (Aicha Boro, Burkina Faso), en présence des réalisatrices.


Ce lundi 22 septembre : place au colloque et à la soirée brésilienne

La deuxième journée s’annonce tout aussi intense avec :

  • des ateliers de formation dès 8h au village du festival ;
  • un colloque international à la Maison de la Radio (CRTV) ;
  • une conférence de presse et un Kids cinéma corner ;
  • en soirée, une soirée brésilienne au Centre culturel Ubuntu.

Les projections se poursuivront au Complexe universitaire de Yaoundé I et à l’Institut Français, avec notamment Warassa (Tchad), Sur les traces de la ville cruelle (Cameroun), Othelo, the Great! (Brésil) et Black Rio! Black Power! (Brésil).


Écrans Noirs 2025 est lancé. Plus qu’un festival, il est une école vivante et un creuset de rencontres. Rendez-vous ce lundi pour une nouvelle immersion dans l’univers fascinant du 7ᵉ art africain et international.

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