En marge d’une réunion de sécurité, le ministre de l’Administration territoriale, Atanga Nji Paul, a présidé une opération de destruction publique de 30 tonnes de chanvre indien et de plusieurs tonnes de faux médicaments. Estimée à plus de 860 millions de FCFA, cette cargaison illicite a été incinérée à l’usine de traitement d’Hysacam, en présence de nombreuses autorités administratives, sanitaires et sécuritaires.
Si l’opération marque un pas important dans la lutte contre le grand banditisme, elle soulève toutefois une préoccupation de santé publique : les conditions de sécurité autour de l’incinération étaient-elles suffisantes ?

Une exposition aux risques sanitaires non négligeables
Sur les lieux, plusieurs officiels étaient visibles à quelques mètres du feu, parfois munis de simples cache-nez. Or, la combustion de drogues comme le cannabis libère dans l’air des substances psychoactives (THC), et les faux médicaments peuvent dégager des vapeurs toxiques aux effets parfois durables.
Des spécialistes en toxicologie rappellent que les fumées issues de telles substances peuvent entraîner :
• Des troubles respiratoires immédiats (toux, irritations, gêne pulmonaire),
• Des effets neurologiques passagers (étourdissements, nausées, migraines),
• Et à long terme, des complications plus graves : bronchites chroniques, troubles cardiaques, voire cancers en cas d’exposition prolongée ou répétée.
Les masques classiques (cache-nez ou masques chirurgicaux) ne sont pas conçus pour filtrer ces particules fines ni les gaz toxiques. Leur efficacité dans ce contexte est donc extrêmement limitée.

Quelles mesures pour mieux protéger les personnes exposées ?
Afin de concilier efficacité dans la lutte contre la criminalité et sécurité sanitaire, plusieurs mesures de bon sens et d’expertise s’imposent :
1. Port d’équipements de protection adaptés
– Utilisation de masques de type FFP2, FFP3 ou à cartouches filtrantes capables de retenir les particules toxiques et les vapeurs chimiques.
– Vêtements de protection pour les agents en contact rapproché avec les fumées.
2. Création d’un périmètre de sécurité réglementé
– Éloignement du public et des officiels à une distance sécuritaire pendant toute la phase de combustion.
– Accès réservé aux seuls personnels formés et équipés.
3. Traitement en circuit fermé ou en incinérateur sécurisé
– Favoriser l’utilisation d’incinérateurs fermés à haute température, équipés de filtres à gaz, afin de limiter les émissions dans l’atmosphère.
– Éviter autant que possible les brûlages à l’air libre.
4. Présence de techniciens en gestion des déchets dangereux
– Intégration de spécialistes de l’environnement et de la santé publique à chaque opération de destruction de produits sensibles.
5. Communication et transparence
– Informer le public des mesures de sécurité prises lors de ces opérations.
– Rassurer les populations proches du site sur les risques maîtrisés.

Une responsabilité partagée
Il est crucial de souligner que la destruction de ces cargaisons de drogue représente un message fort contre les réseaux criminels. Toutefois, elle doit s’inscrire dans un cadre strict de sécurité environnementale et sanitaire. L’État, les collectivités locales et les entreprises partenaires comme Hysacam ont tous un rôle à jouer dans l’élaboration et l’application de protocoles clairs.
Protéger la population contre les méfaits de la drogue ne doit pas créer de nouveaux dangers. La prévention passe aussi par une rigueur sanitaire.




